L’avenir du végétal, être toujours beau. Mais pas que !
Astredhor a choisi d’explorer le thème de la diversification des usages pour ses prochaines Journées nationales, qui auront lieu les 5 et 6 février prochains. Un thème pertinent, alors que le seul argument de l’ornement touche moins le consommateur actuel.
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«Afin de relancer la production française, nous devons accompagner le développement de nouveaux usages pour le végétal. » C’est l’avis de Corinne Bitaud, directrice d’Astredhor, et il semble bien que les faits lui donnent raison depuis maintenant plusieurs années. La dernière enquête publiée par l’Unep, Union nationale des entrepreneurs du végétal, et commandée à l’Ifop (en ligne sur notre site Internet depuis le 29 novembre) montre que si neuf personnes sur dix considèrent que le jardin embellit un bien immobilier, trois sur quatre précisent qu’il est utile à la biodiversité ou permet de se nourrir différemment.
Les citoyens français qui détiennent un espace de verdure ne recherchent plus seulement un beau jardin, mais lui octroient désormais de nouvelles valeurs, auxquelles les producteurs peuvent et doivent répondre. Les services espaces verts des collectivités multiplient pour leur part les plantations de vergers partagés, la mise à disposition de parcelles de jardins collectifs pour ceux qui n’ont pas la chance de disposer d’un terrain.
Les industriels ont recours aux plantes pour dépolluer certains sols, les amateurs redécouvrent localement l’intérêt des plantes tinctoriales… ou les consomment dans leurs plats préférés. Enfin, lors de l’assemblée générale de Val’hor, en 2017, l’économiste Nicolas Bouzou avait réalisé un plaidoyer pour faire passer le végétal de l’ornement au durable (notre édition n° 1041 du 10 janvier 2018), expliquant que pour le Français moyen, la notion de végétal d’ornement ne signifiait plus grand-chose. Le consommateur veut un jardin avec des plantes, belles mais aussi productives et utiles. La distinction entre les différentes fonctions lui est devenue totalement étrangère !
Rendre de nouveaux services aux consommateurs
« Le végétal doit être beau, mais ce n’est pas assez, poursuit Corinne Bitaud. Il faut lui trouver des fonctions supplémentaires. Ce sont parfois des choses que l’on fait sans le savoir, comme agir pour la biodiversité, mais il faut aussi que cela devienne de nouveaux services mis à disposition des consommateurs de manière volontaire. Si l’on choisit bien ses végétaux, on favorisera tel ou tel insecte, tel ou tel oiseau. Il s’agit d’un enjeu important ! »
S’ils sont importants, et peut-être même vitaux, ces enjeux sont aussi de mieux en mieux intégrés par les citoyens, et donc attendus. Ils sont en conséquence mieux valorisables, un point vital pour une filière en recherche de nouveaux horizons de production et surtout de nouvelles créations de valeur et de marges.
Reste qu’entre les risques d’allergies ou la menace de devoir faire face à des problématiques comme celle des plantes envahissantes, ce nouvel enjeu pose à tous ceux qui veulent se lancer des questions purement pratiques. C’est à ce casse-tête que les prochaines journées techniques vont s’atteler à apporter des solutions.
Les producteurs sont capables de produire n’importe quel taxon
Parmi les nouveaux axes qui émergent autour du végétal, on peut citer le plan national de la bioéconomie. Un comité interfilières a été mis en place sous l’égide de FranceAgriMer. La directrice d’Astredhor y siège par exemple au nom de l’Acta, Association de coordination technique agricole : « Il faut définir comment les différentes pistes de travail, la chimie du végétal, les biomatériaux… peuvent apporter leur contribution au soutien de la filière française de production de végétaux. Au vu de la diversité des taxons que les producteurs horticoles savent cultiver, on sait qu’ils peuvent faire pousser n’importe quoi, il suffit de leur apporter les clés ouvrant les portes des différentes activités. La définition des bons itinéraires techniques est parfois vitale. Par exemple, on n’utilisait plus de végétaux en chimie car la pétrochimie offrait des produits de synthèse plus purs que ceux issus de plantes. Choisir les bonnes solutions peut contribuer à résoudre des problèmes et à élaborer des substances qui se dégradent moins dans le temps. Le tout en réalisant des économies, car lorsque l’on produit à partir de végétaux, l’énergie qui sert à synthétiser les substances a été fournie par la nature. »
Un travail de longue haleine
Deux journées techniques ne seront évidemment pas suffisantes pour étudier la problématique de la diversification des usages dans toute son étendue, pour peu qu’on se dise qu’au-delà des thèmes évoqués ici, il reste des pistes à explorer dans le domaine du génie écologique, dans l’objectif de dépolluer les sols, mais aussi l’air ou l’eau, par exemple, mais aussi du côté de l’agriculture urbaine, qui peut à la fois offrir des perspectives de production et de lien social. Astredhor continuera donc de communiquer sur cette nouvelle problématique définie pendant deux ans, jusqu’aux prochaines Journées nationales. À la fois pour bien imprégner les esprits et pour convaincre le plus grand nombre.
Parce que bien plus que se réunir pour échanger, « il faut maintenant passer à l’action », estime Corinne Bitaud. Les producteurs à la recherche de débouchés pour les plantes qui peinent à trouver leur public, comme par exemple les géraniums cette année , ne peuvent qu’adhérer !
Pascal FayollePour accéder à l'ensembles nos offres :